– Yaoundé/Cameroun. Photos © Anthony Bellanger
90% des travailleurs au Cameroun ont moins de 35 ans et seulement 1% d’entre eux sont syndiqués. La marge de progression est donc importante vers les 18-35 ans, ces « jeunes travailleurs » selon l’OIT, l’Organisation internationale du travail.
Mercredi 12 et vendredi 13 juillet, à Yaoundé au Cameroun, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) organisait avec la FES, Friedrich Ebert Stiftung, un séminaire composé de jeunes journalistes d’Afrique de l’Ouest et centrale intitulé « Mobiliser les jeunes pour les réformes syndicales ». Un atelier accueilli par l’affilié de la FIJ, le SNJC, le Syndicat national des journalistes du Cameroun.
L’enquête mondiale qu’a menée la FIJ en 2016 sur la syndicalisation des jeunes dans le journalisme est confirmée dans toutes les régions du monde et notamment en Afrique : les syndicats sont vieillissants, en perte de vitesse et il est largement temps de mobiliser toutes les forces pour inverser la tendance.
Dans cette étude, la FIJ constatait que plus d’un tiers d’entre eux avaient répondu – 66 précisément – au questionnaire de 55 questions, ce que nous pouvons considérer comme globalement représentatif, même si des disparités régionales apparaissent. En Afrique, la question est d’actualité car la population active est jeune – 90% des journalistes interrogés ont moins de 50 ans !; la vague de la presse électronique permet de « monter » des médias avec peu de moyens – 150.000 francs CFA en moyenne (environ 230€) ; et certains affiliés de la FIJ mettent en place des dispositifs pour accueillir cette jeunesse : formations spéciales, quotas de « jeunes » dans les statuts, ou encore des rencontres à la sortie des écoles de formation.
Le bémol reste tout de même les réponses des « jeunes » qui préfèrent ne pas s’engager avec des raisons très claires : un tiers d’entre eux pensent que le syndicat ne peut rien pour eux ; un autre tiers disent ne pas être intéressés ; un dernier tiers enfin craignent légitimement que leur carrière subisse un coup de frein en cas d’engagement syndical. Pour ce dernier cas, on ne peut leur donner tort tant les exemples sont nombreux…
Parmi les pays représentés à Yaoundé, les (jeunes) délégués ont brossé des portraits justes et parfois cruels de ce qu’est la place des jeunes dans leur pays : Cameroun, République Démocratique du Congo, Congo-Brazaville, Guinée-Bissau, Côte-Ivoire, Mali, Sénégal et Nigéria.
« La place des jeunes dans les syndicats dépend de la place que les syndicats eux-mêmes laissent aux jeunes dans leurs structures, a expliqué la charismatique Antoinette Tangono Ekoan, présidente de la Confédération camerounaise du travail (CCT). Les jeunes sont la masse invisible de la lutte des classes. Les syndicats ne s’adressent pas à la jeunesse, ce qui explique leur désintérêt. Mais les jeunes doivent aussi tout faire pour s’imposer. L’avenir, ce sera avec eux. Qu’on se le dise. »
A.B.